Indonésie : Îles de la Sonde (1ère partie)
De Makassar à Labuan Bajo
Notre croisière Pelni…
Pour 170 000 Roupies par personne, repas inclus, (environ 11,30€), nous nous offrons une "croisière" entre Makassar (aux Célèbes) et Labuan Bajo (sur l'île de Florès).
Bon, pour ce prix, inutile de dire que le confort est des plus rudimentaires…
Mercredi 1er juin, nous prenons un becak vers 7h30 pour nous rendre au port. Notre bateau, le Tilong Kabila, ne part qu'à 11h mais d'expérience nous préférons arriver en avance sur le quai. Effectivement, quand nous arrivons, il y a déjà beaucoup de passagers qui attendent l'ouverture des portes…
À 9h, on annonce que nous pouvons embarquer et alors commence la cohue, à l'indonésienne ! Nous avons bien fait de nous lever tôt car nous sommes dans le peloton de tête et pouvons monter dans les premiers à l'intérieur du ferry. Comme le bateau part de Gorontalo et qu'il en est à son troisième jour de navigation, beaucoup de places sont déjà occupées au moment où nous entrons à l'intérieur. Mais nous avons beaucoup de chance puisque nous arrivons à trouver 4 places côte à côte dans le dortoir Ekonomi du 3ème pont. Les moins chanceux s'installent un peu partout dans les couloirs…
À bord, il y a 16 dortoirs répartis sur 4 ponts, aménagés en box d'une douzaine de matelas de sol. Théoriquement, ils peuvent accueillir une centaine de personnes mais c'est sans compter tous les infortunés qui ont dû s'installer par terre, ce qui augmente considérablement le nombre de passagers…
Nos voisins de "chambrée" sont très discrets et voyagent longtemps. Ils sont montés dans un port avant Makassar et continueront leur voyage après Labuan Bajo.
À l'intérieur, il fait chaud et chaque mouvement nous fait suer sang et eau. Alors, pour nous rafraîchir, nous montons régulièrement prendre le frais sur le pont supérieur.
Le voyage entre Makassar et Labuan Bajo dure une vingtaine d'heures et nous occupons notre temps libre à jouer aux cartes ou à dormir sur notre couchette. Pour manger, il faut faire la queue et aller chercher son plateau repas sur le quatrième pont. C'est une véritable épreuve parce que le couloir est bondé, qu'il faut jouer des coudes et patienter de longues minutes par près de 40°C. Tout cela pour une cuillère de riz, une feuille de chou et un morceau de poulet gros comme le petit doigt… Heureusement, des vendeurs ambulants passent sans arrêt dans les dortoirs et proposent des plats plus copieux.
La nuit, nous dormons du mieux que nous pouvons sous la lumière des néons, les effluves de gaz d'échappement et le bruit des téléphones ou des nourrissons qui pleurent.
Vers 4h45, le haut-parleur nous réveille en musique (plutôt forte) avec quelques versets du Coran ☺.
Nous accostons à Labuan Bajo un peu avant 7h mais il nous faut plus de trois quarts d'heures avant d'arriver à sortir du bateau, tellement les couloirs sont encombrés…
À l'extérieur, une file interminable de passagers attend en plein soleil pour embarquer. Quand on sait la place qu'il reste à bord, nous sommes contents de ne pas être parmi eux !
Notre croisière de 3 jours et 3 nuits entre Labuan Bajo et Bangsal
Au cours de nos rencontres, certains voyageurs (Jean-Maxime et Sophie, Antoine et Sandra) nous avaient parlé de leur voyage entre les îles de Lombok et Florès, dans la région de Nusa Tenggera (plus connue sous le nom d'îles de la Sonde), avec beaucoup d'enthousiasme.
Comme nous avions l'intention d'aller à Lombok, nous avons donc décidé de vivre cette expérience qui, d'après leurs récits, promet de bons moments.
L'avantage quand on part de Labuan Bajo (Florès), c'est que les bateaux sont beaucoup moins bondés qu'au départ de Bangsal (Lombok), les gens préférant généralement organiser leur croisière dans le sens inverse.
Effectivement, quand nous nous rendons au port, nous sommes agréablement surpris d'apprendre que nous partagerons notre bateau avec uniquement 3 jeunes Chiliennes. Elles viennent de terminer leurs études et s'offrent trois mois de vacances en Asie avant de trouver un travail.
Nous ne sommes donc que 7 touristes au total, accompagnés de 5 membres d'équipage, l'idéal pour passer 3 jours et 3 nuits en mer dans le plus grand confort.
1er jour : Rinca, Komodo et Pulau Kalong
À peine après avoir quitté le port de Labuan Bajo, quelques dauphins viennent pointer le bout de leur nez, pour nous souhaiter bon voyage ☺.
Nous naviguons deux heures environ sous un ciel magnifique avant d'arriver à Rinca, notre premier arrêt. C'est, avec l'île de Komodo; l'endroit où l'on peut voir les fameux dragons.
Dès notre arrivée dans le parc, il faut passer par le bureau officiel et aller voir Uncle Louis, qui se charge de nous énumérer toutes les taxes qu'il va falloir payer, et la liste est longue : le billet d'entrée au parc national (150 000 IDR), la taxe gouvernementale (50 000 IDR), le droit de faire du snorkeling (15 000 IDR), le droit de faire du trekking (5 000 IDR), l'accompagnement d'un guide (80 000 IDR), et une autre taxe de 10 000 IDR dont on ne comprend pas trop à quoi elle sert…
Un peu plus légers en rupiahs, nous pouvons alors suivre notre ranger. En fait, pas bien loin puisqu'à quelques mètres seulement de l'entrée du parc, des dragons se prélassent sous des bungalows. Notre guide nous explique que les dragons ont un odorat très développé et que la cuisine qui se trouve à proximité les attire, mais que personne ne les nourrit (ce qu'on ne croit qu'à moitié…).
En fait, à part un autre dragon qui s'enfuit à notre approche, nous n'en verrons pas d'autre au cours de la promenade qui nous mène en haut d'une colline, d'où on a un beau point de vue sur la baie et les îles alentour.
Pour tout dire, on s'attendait à plus de frissons et nous sommes plutôt déçus de cette visite.
De retour dans notre bateau, nous pouvons nous installer sur le pont et admirer la mer.
Le deuxième arrêt, prévu en début d'après-midi, aurait dû nous permettre de faire du snorkeling à Pantai merah (littéralement plage rouge), mais les courants trop forts nous contraignent à reporter la baignade au lendemain et nous partons directement pour Komodo.
Komodo est l'île qui abrite le plus grand nombre de dragons. On y compte plus de 2000 individus.
Comme à Rinca, il faut obligatoirement suivre (et payer aussi ☺) un guide pour faire une boucle sur un chemin de randonnée. Celui-ci est armé d'un long bâton, une arme qui semble bien dérisoire si les dragons venaient à nous attaquer… Mais d'après lui, nous aurons peu de chance d'en voir à cette heure de la journée, tous les groupes avant nous étant revenus bredouilles… Nous le suivons malgré tout en gardant un secret espoir ☺.
Après un quart d'heure de marche, le téléphone du ranger se met à vibrer. Un dragon a été repéré sur un chemin, pas très loin. Il nous demande si nous voulons y aller, quelle question !
C'est une femelle de bonne taille. Elle a eu la bonne idée de nous attendre pour la photo. Comme elle est nichée en haut d'une pente glissante, pas trop question d'aller faire un selfie.
Bon, c'est sûr que venir à Komodo pour voir un seul dragon, c'est frustrant, mais d'un autre côté, ceux de Rinca semblaient trop domestiqués pour ne pas croire un instant qu'ils étaient là par hasard…
En effet, comment attirer les touristes dans la région si on n'est pas sûr de pouvoir leur montrer un dragon…
La fin de la journée nous amène à Pulau Kalong, une petite île au large de laquelle nous restons au mouillage. Le coucher de soleil sur les îles du parc Komodo est superbe et à la tombée de la nuit, des centaines de chauve-souris rousses s'envolent à grands cris pour aller chasser les insectes.
2ème jour : Pulau Merah, Manta point et Gili Laba
Notre première nuit sur le bateau s'est bien passée et nous avons tous très bien dormi.
De bon matin, nous déjeunons (les garçons sont contents, ils ont droit à leur banana pancake ☺) puis partons vers Pantai Merah, toute proche.
À 6h45, il faut se faire "un peu" violence pour sauter dans l'eau au milieu des courants et aller faire du snorkeling, surtout que l'eau à cet endroit est fraîche.
Le spot de snorkeling était censé nous impressionner mais les coraux sont plutôt ternes en comparaison de ceux que nous avons vus aux Togean ou à Bunaken. Par contre, les poissons sont de bonne taille, la pêche étant interdite dans le parc national.
Nous restons une bonne demi-heure à lutter contre les courants puis rentrons sur le bateau.
Le deuxième arrêt de la matinée nous mène à Manta Point.
Tout l'équipage est à l'affût du moindre mouvement pouvant signaler la présence de raies mantas.
Alors, quand nous les voyons pointer une ombre sous le bateau, nous sommes fin prêts à sauter à l'eau.
À leur signal, tout le monde plonge à la mer et nous nageons dans la direction qu'ils nous indiquent.
Et le spectacle qui s'offre à nous est alors absolument incroyable.
En quelques secondes, nous voyons surgir 1, 2, 3,…,10,… 19 raies, bientôt suivies par un autre groupe tout aussi important. Elles se déplacent en escadrille et semblent plus voler que nager entre deux eaux.
Pendant une demi-heure, nous assistons à un véritable ballet d'une quarantaine de raies mantas, majestueuses, qui font des cercles tout autour de nous. Les plus grosses mesurent plus de 3 mètres d'envergure et ouvrent leur énorme gueule pour engloutir un maximum de plancton. Un instant rare et magique !
Nous remontons sur le bateau, complètement ébahis par ce que nous venons de vivre. Ce moment restera longtemps gravé dans nos mémoires. Nous espérions bien voir une ou deux raies mantas au départ ce matin mais étions loin d'imaginer pouvoir nager au milieu d'une troupe aussi nombreuse…
Raies manta dans le parc national de Komodo : instants magiques
Le troisième et dernier arrêt de la journée, en fin de matinée, nous conduit à Gili Laba. Un sentier abrupt chemine jusqu'au sommet d'une colline qui surplombe la baie, offrant une superbe vue sur les eaux émeraude, en contrebas. Le point de vue sur l'archipel se mérite et nous arrivons au sommet en nage.
Après quelques glissades sur les fesses dans la descente, nous revenons à la plage puis reprenons la mer, pour une étape de plus de douze heures de navigation, afin de nous rendre sur Pulau Satonda où nous arriverons au petit matin.
À la tombée de la nuit, le capitaine laisse la barre à Florian qui se retrouve tout seul pendant près d'une heure au poste de commandement.
3ème jour : Pulau Satonda et Pulau Moyo
Nous arrivons à Pulau Satonda (au Nord de Sumbawa) vers 2h du matin et mouillons à une centaine de mètres de la côte.
Après le petit-déjeuner, nous rejoignons la plage à la nage. Il y a beaucoup de micro méduses urticantes et la baignade n'est pas agréable, malgré de jolis pâtés de coraux, très colorés qui peuplent le fond du lagon.
Satonda est une île d'origine volcanique. En son milieu se trouve un lac à l'intérieur d'un cratère d'environ 150m sur 200m et d'une profondeur de 70 m.
L'eau y est peu salée et nous nous baignons dans une eau presque douce et chaude. Après deux journées passées en mer, cela fait un bien fou de se défaire un peu du sel qui, depuis le départ, nous colle à la peau. Nous restons dans cette immense baignoire une petite heure, mais bientôt il faut rejoindre notre bateau pour le dernier arrêt de notre voyage, Pulau Moyo.
Sous l'eau, les coraux sont de toute beauté. Hélas, quand on arrive sur la plage, c'est la déception : le sable est souillé de détritus. C'est triste de voir un si bel endroit pollué à ce point…
Heureusement, à une dizaine de minutes de marche à travers la forêt se trouve une cascade à l'eau délicieusement fraîche. Allongés sous le torrent d'eau, nous pouvons prendre une douche très vivifiante ☺.
Notre capitaine nous a accompagnés et chahute volontiers avec les garçons en les aspergeant d'eau, dans de grands éclats de rire. L'ambiance est bon enfant et nous profitons de la fraîcheur de la forêt avant de regagner notre bateau.
Nous remontons à bord vers l'heure du déjeuner pour un long voyage jusqu'à Bangsal, sur l'île de Lombok, destination finale de notre excursion.
Les longues heures de navigation pourraient sembler fastidieuses mais les nombreux poissons volants ou les dauphins rencontrés sur la route nous occupent tout au long du trajet.
Dans la soirée, nous restons un bon moment, allongés sur le pont, à admirer le ciel étoilé, la voie lactée et à scruter les étoiles filantes, bercés par le roulis et le tangage de notre navire, et rafraîchis par la brise marine ☺.
Notre voyage s'achève à Bangsal où nous arrivons un peu avant 5h du matin. Nous pouvons dormir (sans le bruit du moteur) jusqu'à 7h et prendre notre dernier petit-déjeuner sur le pont.
Pour info, notre ordinateur nous a lâchés avant la fin de cet article. Impossible de charger la suite de nos "aventures" sur Gili Air et Padangbai (sur Bali).
Nous publierons la fin de notre voyage dès notre retour en France :-(.
Commenter cet article